[1] |
z roku 1599, 30. ledna—1. února. 113
|
---|
[2] |
chose pardessus luy ni plus chere ni en plus grande estime, et qu'avec la lecture
|
---|
[3] |
continuelle d'iceluy ie me l'approprie de maniere que le fruit en soit tellement
|
---|
[4] |
mien, que vostre estoit le labeur, l'estude et l'invention.
|
---|
[5] |
La nouvelle de la payx dont Dieu a faict la grace à vostre ville apres tant
|
---|
[6] |
de travaulx, venue avec les mesmes lettres, m'a esté fort agréable, non pas tant toutes-
|
---|
[7] |
fois qu'elle m'ait dechargé de toute sollicitude, car ie ne suis point sans apprehension
|
---|
[8] |
et sans pur persuasion quasi asseurré que vostre voisin n'ait encores à present aultant
|
---|
[9] |
de bonne volonté de luy mettre les pieds sur la gorge, qu'il en eut iamais, et que
|
---|
[10] |
la premiere occasion qui luy sera presentée de mettre à effect ses dessings ne luy
|
---|
[11] |
fasse oublier les sollenités du serment presté Et ne puis aucunement croire que
|
---|
[12] |
soubs ceste douceur de repos il n'y est quelque venin caché, veu que je n'ignore point
|
---|
[13] |
la haine qui est portée quasi universellement de tous les mechants à ceste (ie le
|
---|
[14] |
puis dire certes avec bonne conscience au respect des aultres, oà i'aye esté) saincte
|
---|
[15] |
ville, si toutesfois elle s'est conservée en innocence de moeurs et saincteté de doctrine
|
---|
[16] |
que fleurit en elle de mon temps. Mais non obstant la peur que ie dis, Pay une
|
---|
[17] |
ferme espérance en Dieu que, comm” il a sęeu et voulu la garantir iusques à pre-
|
---|
[18] |
sent quasi sans aucuns moyens humains et presque contre toute raison apparente,
|
---|
[19] |
ainsi il luy plaise d'en avoir le soin d’ores-en-avant et la maintenir pour la gloire
|
---|
[20] |
de son nom en despit et à la confusion de tous ceus qui en vouldroient voir la
|
---|
[21] |
ruine et l'eversion. Amen.
|
---|
[22] |
Nous ne sommes maintenant ni en paix ni en guerre. Ie le dis, parce que
|
---|
[23] |
combien que nous ayons une guerre ouverte avec nostre ennemi hereditaire, si n’es-
|
---|
[24] |
prouvons nous guères les incommodités d’ icelle à cause de la saison, et si çe n’estoi-
|
---|
[25] |
ent les grandes contributions que nous faisons annuellement pour la maintenir, et
|
---|
[26] |
l’insolençe des soldats qui mangent nostre pauvre peuple, nous ne nous en sentirions
|
---|
[27] |
quasi point. Et telle qu'elle est, encore est elle tolérable, veu qu'elle ne nous blesse
|
---|
[28] |
sinon à nos bourses, et au contraire nous maintient en toute seureté et en la liberté
|
---|
[29] |
de nos consciences, qui est le plus grand bien qu’ un homme de bien sçauroit dé-
|
---|
[30] |
sirer. Car si nous eussions esté en paix iusques à présent, ie ne doubte point que ce
|
---|
[31] |
boutte-feu qui suscite les rois et les princes à la guerre, n'ait taché de nous troubler
|
---|
[32] |
nostre respos, quoyque la bonté de nostre prince et linclination au bien publicq
|
---|
[33] |
soit telle, qu'il n'eust paradventuré pour effectuer tout ce qu'il auroit désiré; mais
|
---|
[34] |
avec tout cela nous n’eussions point esté sans peur. (C'est pourquoy ie ne demande
|
---|
[35] |
iamais la paix à Dieu sans m'en remettre de tout à sa volonté, de peur que pour
|
---|
[36] |
un petit acquist nous ne fissions une grave perte, de laquelle plaise à sa divine
|
---|
[37] |
bonté de nous préserver; à laquelle aussi ie prie de tout mon coeur de vous main-
|
---|
[38] |
tenir les forces et la vigueur, la santé et l'age pour le benefice de ses eglises, de
|
---|
[39] |
vos amis et de vos serviteurs, du nombre desquels ie confesse estre comme celuy
|
---|
[40] |
Archiv Cesky XXVII. 15
|
---|