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z roku 1591, 7. listopadu. 21
ment du mois passé en intention de nie transporter en ceste ville, ce que Lay
accomply, graces à Dieu, assez heureusement. L'occasion qui m'a meu de ce faire et
choisir plustost cc chemin que ¢eluy de lan passé, a esté partie la crainte que
iay en de tomber aus mesmes difficultéz es quelles ie me trouvay lors, partie
l'espoir de l'accomplir en peu de iours, conune i'eusse faict sans faulte si icusse
trouvé le vent à mon arrivée en ceste ville aussi propice, comme il estoit contraire
à mon dessaing. Ce qui à mon grand regret m'a retenu ici quinze iours entiers en
attendant le changement qui n'est advenu que depuis deus iours en ca seulement.
Maintenant manque l’arrivée de la flotte Angloise qui sera içi auiourd'huy, Dieu
aidant, pour prendre un navire à ma poste ct me faire conduire a Diepe, où
l'espère d'abborder, s'il plaist à Dieu, dans çinqu ou six iours après mon partement
dici, si le vent continue à nous favoriser ainsi quil a commencé et quil y a appa-
rence quil fera. De là ie suis deliberé d'aller trouver le roy, quelque part quil
soit. Il me viendroit bien à propos sl pouvoit estre devant Roan, comme les
marchants d'ici disent en avoir advis, ou plustost dedans, comm’il est à desirer.
"Mais si tant estoit qu'il en fust esloigné, ie ne lairrai pour cela de nrenquester de
toutes commodités possibles affin de pouvoir arriver au plustost auprès de Sa
Maicsté, où estant ie ne fauldray (si ie n'ay aultre moyen de reconnoistre vos fa-
veurs et infinies demonstrations d'amitié) d'en faire tel rapport que vostre bonté ct
mon debvoir me commande. Cependant, monsieur, ie vous supplieray bien humble-
ment d'adiouster aus aultres graces encores cesteci, pour me combler de vos accou-
stumées faveurs et me rendre entierement redevable et obligé à vostre service, que
si d'avanture monsieur Angel vous envoyc quelques lettres pour moy, ou bien quil
vous en vienne de la part de mon frére d'Italie, qu'il vous plaise me les addresser.
Je suis par avanture trop presomptueulx à demander, mais l'offre qu'il vous a pleu
m'en faire d'aultrefois de vous mesmes, me faict d'aultant plus hardi à vous en im-
portuner maintenant; ce que ie ne fay point sans d'aultre part vous prier de ne
m'espargner non plus, ains de m'honnorer de vos commandements ct vous offrir
toute sorte d'obeissanęe et de service, telle toutes fois qui se peult attendre d'une
personne inutile au pays estrange. J'escris un petit mot de lettre à monsieur de
Maisse pour response à une sienne; ie le vous envoye, vous priant, monsieur, de le
luy faire tenir, s'il vous plaist. Qui sera lendroit oit aprés vous avoir baisé bien
humblement les mains, ie prie le Créateur vous donner, monsieur, en trés bonne
santé longue et heureuse vie. De Staden le 7. de Novembre nouveau stile l'an 91.
Vostre bien humble et trés affectioné serviteur Z.
Archiv Bludovsky, MS. ¢. 4134 pag. 228.