296 A. XXXIII. Dopisy Karla. ze Żerotina
n'à esté faict, et en tirer de conditions et plus honnorables et plus profitables, n'eust
esté la desfiance, que les commissaires d'Austriche ont eu de l'Illeshazi et aultres
deputés de la part du Botskaj et estats d'Ongherie, lesquels pour amener les Turcs
à leur desseing et leur tirer des mains quelque place importante, comme pourroit
estre Agria ou Canise, faignoient avoir intelligence avec eulx, de quoy estans ceus
d'Austriche entrés en soupçon, quoy qu'ils eussent esté advertis que le tout sc
faisoit à bonne fin, n'eurent patience d'en attendre l'issue, mais un iour, comm'il
estoient assemblés au conseil, l'Althan, un des commissaires, print la parole et en
la présence des Turcs demanda à lIllesshasi: si maintenant, puisque Dotschkaj et
les Ongrois estoient d'accord avec l'empereur, il recognoissoit aultre pour roy d'Ongherie
que le dict Seigneur? A quoy ayant faict response qu'il ne recognoissoit aultre, il
continue à luy demander quau cas que la paix ne se faist point avec les Turcs,
s'il n'entendoit point de prendre pour le service de l'empereur les armes contre eulx ?
Ce qu'ayant accordé, les Tures ayants par ce moyen discouvert l'interieur de l’Illess-
hazi et des aultres Ongrois, en prindrent un si grand déspit quls ne vouloient en
sorte aulcune avoir plus d'accointance avec les Ongrois, avec pleinte d'avoir esté
trompéz par iceulx, et depuis ne voulurent entendre à d’aultres articles qu’à ceus,
sur lesquels à depuis esté la paix arrestée. Là où si on eust procedé avec plus de
moderation et discretion, l'on estine qu'on en eust eu meilleur marché. La faulte
est aussi attribué aus diets commissaires que la paix n'ait esté faict ou à jamais
ou àu moins pour quelque terme plus long, et dict-on que du commencement ils
ne la vouloient que pour cinq ans, puis pour dix, enfin leur ayant esté remonstré
que cela tendoit au dommage de l'empereur et de ses pays, ils condescendirent
à ceste paix de vingt ans.
Quant a Dotschkay, on le tient plus pour mourt que pour veuf [¢ti: vif], n'y
ayant moyen d’amortir le poison que son chancelier Rataj, offensé qu'il n'avoit peu
obtenir de luy la confiscation des biens à luy échus par la mort du capitaine Lipaj,
executé par son commandement au commencement de ces troubles, luy avoit donné
à boire; et quoyque pour le recouvrement de la faute il se soit non seulement aidé du
service des medecins, mais outre ce ait eu recours aus sorciers ct sourcières, des-
quels il auroit faict soigneuse recerche par le royaulme d'Ongrie, si ne sentoit-il
point de soulagement, auns [sic] allant de mal en pis, donnoit aus les siens peu de
sperance de vie et aus aultres matière des nouveaulx troubles.
L'Ileshazi de mesmes commence à se resentir des travaulx passés, il a esté
au baings; à présent en estant de retour, il se tient à sa maison de Trenchin. On
tient quil ne la pouvoit faire gueres plus longue, tant à cause de son grand âge
que pour luy estre descendue aus jambes une certaine humeur malaisé à tirer hors,
parce qu’il n’est homme qui se puisse donner beaucoup de repos, chose néantmoins