270 A. XXXIII. Dopisy Karla ze Žerotína
Illésházy již odebral se do Vídně. Podmínky míru nebudou se asi lisiti od požadavků sněmu
Krupinského. — V Olomouci 3. ledna 1606.
(A monsicur de Baugy, agent du roy tres-chrestien.) Monsieur. Je vous re-
mercie bien humblement de m'avoir renvoyé la lettre du sieur Marcantoine Lombard,
et beaucoup plus de bon et courtois office faict envers M* de Villeroy pour faci-
liter ines iustes poursuites. Je scay très-bien qu’estant esloigné de la court, vous
ne pouvez apporter en ce faict aultre que la bonne volonté et quelque mot favo-
rable en passant; aussi est ce assez pour m’obliger, et ie n’en vouldray demander
d'avantage, me remettant du reste à tout ce qui plaira au roy, la grâce duquel ie
prefère à tous thresors, non qu’à une petite quantité d’argent, sans laquelle ic puis
vivre, quoy quil n'incommode d'en manquer en ceste si miserable saison.
De la malheureuse entreprinse des traistres d'Angleterre contre la personne
de leur roy, de ses enfants et des principaulx seigneurs du royaulme estoyent venues
les nouvelles deux iour devant que ie partisse de Prague; depuis i'en ay eu toutes
les particularités venues du ‘pays mesme. C'est ainsi à la vérité, comme vous dictes,
que Dieu monstre d’avoir un soing particulier de là personne des roys, mais il veult
aussi qu’ils la recognoissent, et à faulte de cela ils tombent en des grands incon-
venients; ie désireroy qu'aultres princes de la Chrestienté en prennent exemple, et
prie Dieu de leur en faire la grace.
Vous aurez bien entendu ce qui s’est passé avec l’ère Cotton ; ie tiendrays
à grand service d'en avoir la confirmation par les vostres, comme aussi d’entendre
la bonne santé de leurs Maiestés, et particulièrement la continuation de la grossesse
de la reyne, à laquelle ie souhaite, quand il plairoit à Dieu la bénire, un aultre masle.
Nous tenons nos etats et nous fauldra venir derechef à la conclusion de
secouer la bourse qui est desia reduicte à tel terme, qu'elle auroit plus de besoing
d'estre remplie que d'estre vidée, mais la necessité nous contraindra à faire encors
quelqu’ effort.
On est tousiours après à continuer le traité de paix, laquelle par adventure
se pourra conclure bientost, puisque le sieur Illesházy est desia, qu'on avoit tant
attendu, passé à Vienne. Il m’avoit escrit devant que d’y aller, que les conditions
qu’il porteroit estoient fort raisonnables, mais il ne specifia rien. T'outesfois i'estime
quelles ne seront gueres différantes des demandes proposées à la diète de Carpone
à celui qui y estoit pour l'empereur, à scavoir: que le dicte seigneur est à laisser
un chacun en liberté de conscience, qu’il se plait a faire la paix avee le Ture,
à restablir l’office de Palatin au royaulme d’Ongrie, à faire garder la couronne et
aultres ornements royaulx dedans le royaume, à casser la chambre et au lieu @icelle
establir un thrésorier general, à pourvoir la noblesse des dignités ecclésiasticques
sans les conceder à d'aultres, à restreindre le nombre des evesques, à chasser les