« L'homme inutile » apparaît dans diverses conceptions, surtout à partir du romantisme, et joue un rôle complexe dans leurs positions respectives, surtout par rapport à ce qui est connu comme « l'improductivité slave » – et qui est parfois considéré comme un trait de leur caractère. Pas nécessaire de s'interroger sur des « hommes inutiles » qui peuplent, à la fin du XIX, e siècle, toutes les littératures. Huysmans l'a caricaturé, d'une façon nuancée, dans Des Essaintes, Bourguet l'a montré comme une spéculation sans amour… Peut-on parler alors d'une « l'improductivité slave » ? Les deux auteurs, Zeyer et Sienkiewicz, presque de la même génération, écrivent leurs oeuvres plus ou moins simultanément. Sienkiewicz montre Płoszowski, dans son roman/Sans dogme, /comme un être dé¬raciné,« homme inutile » qui dépérit tristement. En revanche, les romans /Jan Maria Plojhar /et /la Maison A l'étoile qui se noie /de Zeyer décriventdes« ratés », qui essaient vainement d'échapper à leur sort. « L'homme inutile » peut encore ressurgir dans la littérature polonaise (quoique l'auteur le « condamne » à la fin). La littérature tchèque s'éloigne de ce concept – en mettant une distance entre « l'improductivité slave » et l'activité – souvent tragique – de ses héros littéraire., The "useless hero" is associated with many and various literary characters which appear in all literatures, chiefly since the romantic era, and which change according to the evolution of aesthetic and ethical conceptions. In Slav novels they are often connected with the conception of "Slav unproductiveness" and can be evaluated as a trait of their specificity, justifying their particular position in the context of European literatures. At the end of the nineteenth century the "useless hero" who appears in the novels of Sienkiewicz and Zeyer is very different from the figure of Des Esseintes of Huysmans's novel or that of Greslou known from the novel by Bourget. The Slav "useless heroes" are not aesthetic or scientific speculators but complicated, deceived and disappointed men of feeling, unable to accomplish any projects. But the heroes of Zeyer and Sienkiewicz do not behave in the same way. The "Slav unproductiveness" perhaps influences the destiny of Płoszowski, whereas Plojhar and Rojko try, though vainly, to accomplish something. The position of the "useless hero" in Czech and Polish novels appears as a specific feature of Slav literatures, but the differences between them indicate that the specificity is complex., and "Zbytečný hrdina" je spojován s mnoha různými postavami, které se objevují ve všech literaturách, především od dob romantismu, a které se proměňují s vývojem estetických a etických konceptů. Ve slovanských románech jsou často spojováni s pojmem "slovanská nevýkonnost", kterou je možno chápat jako jejich specifickou charakteristiku, jež ospravedlňuje jejich zvláštní postavení v kontextu evropských literatur. Koncem 19. století je "zbytečný hrdina", tak jak se objevuje v románech Sienkiewiczových a Zeyerových, velmi odlišný od postavy Des Esseintes z Huysmansova románu nebo od postavy Gresloua, známého z románu Bourgetova. Slovanští "zbyteční hrdinové" nejsou ani estétští ani vědečtí hloubavci, ale složité osobnosti, oklamaní a zklamaní citliví lidé, kteří nejsou schopni nic vykonat. Avšak Sienkiewiczovi a Zeyerovi hrdinové se nechovají stejným způsobem. "Slovanská nevýkonnost" má možná vliv na osud Płoszowského, kdežto Plojhar a Rojko se pokoušejí něčeho dosáhnout, i když marně. Postavení "zbytečného hrdiny" v českých a polských románech se jeví jako charakteristický rys slovanských literatur, ale rozdíly mezi nimi naznačují, že tato specifičnost je složitá.
The title of this article, as well as the motto from K. Wierzyński's poem are aimed at emphasizing the continuity of the "tradition of fire", as well as the link between the myth of Prometheus and the ritual (symbolic) death of Jan Palach – the hero of "Prague Spring". This continuity of multidimensional sense of fire as a symbol (of the rebellious spirit) and the myth of Promethean gift of fire can be found in the tragedy by V. Ivanov. Here, the spiritual dimension of fire is emphasized due to referring to orphic version of the myth about the suffering Dionysus. The author of this article, analysing and interpreting the tragedy by the Russian poet, presents the semantic metamorphosis of the myth of Prometheus, putting it in the vast cultural context – the works of Aeschylus and Nietzsche, the philosophical thoughts of Proclos, Schelling and Bachelard, as well as the thoughts of contemporary culture scientists.
Al'fred Bem, poussé à l'émigration par la révolution d'Octobre, a prolongé en exil les travaux entamés en Russie. Le contexte scientifique centre-européen a sans doute donné à ses recherches une nouvelle tournure. Dans les écrits qu'il a consacrés à Dostoevskij, par exemple, le philologue russe interroge les liens entre littérature et psychanalyse. Afin de restituer une partie de ses lectures de Dostoevskij à la lumière de la psychanalyse, nous nous arrêterons sur ses analyses et préciserons quelles notions il a développées – telles que les rêves-oeuvres, la dramatisation du délire. En quoi cette approche est-elle particulière, à une époque où, d'une part, Dostoevskij bénéficie d'un intérêt notable en Europe et, de l'autre, la psychanalyse, elle aussi en vogue, est utilisée dans d'autres domaines de la littérature ? S'intéresser aux influences qui ont pu jouer sur l'écriture savante d'Al'fred Bem, et notamment celles du psychiatre Nikolaj Osipov, nous permettra de répondre à cette question. De même, la réception de Bem dans la Tchécoslovaquie apporte un éclairage sur l'originalité de ses travaux et le poids que l'exil a eu sur son analyse de Dostoevskij. and Al'fred Bem, forced to emigrate by the October Revolution, continued in exile the work he had begun in Russia. The Central European scientific context undoubtedly gave his research a new twist. In the writings that he devoted to Dostoevskij, for example, the Russian philologist questions the links between literature and psychoanalysis. In order to restore a part of his readings of Dostoevskij in the light of psychoanalysis, we will stop on his analyses and specify which notions he developed - such as the mystery of a biography, the dream-works, the dramatization of delirium. To what extend is this approach particular, at a time when, on the one hand, Dostoevskij is enjoying a notable interest in Europe and, on the other hand, psychoanalysis, also in vogue, is being used in other fields of literature? Looking at the influences that may have played on Al'fred Bem's scholarly writing, particularly those of psychiatrist Nikolaj Osipov, will allow us to answer this question. Similarly, the reception of Bem in Czechoslovakia sheds light on the originality of his work and the weight that exile had on his analysis of Dostoevskij.
Les "quelques milliers de pages critiques" que Louis Aragon dit avoir écrites dans ces vingt dernières années n'ont été recueillies qu'en partie en volume. Il s'aigt pourtant de l'un des aspects les plus significatifs et, personne n'en doute, les plus influents de son œuvre. Hubert Juin a entrepris un tour de force en tâchant de résumer les traits essentiels de Leuis Aragon critique. "Critique, dit le monographiste, car il y a un versant de l'œuvre d'Aragon qui est dévolu à l'activité critique, il fut surtout un combattant, se refusant toujours à voir les choses de haut, n'imaginant pas que la littérature puisse se passer de contenu, et faisant porter son procès ou sa louange sur le contenu des œuvres de la littérature." C'est parfaitement exact. Toutefois qui ne voit pas. que l'activité critique de Louis Aragon ne saurait être réduite à ces quelques traits qu'en fait ressortir Hubert Juin? Oui bien, Aragon fait porter son procès ou sa louange sur le contenu (peut-être dirait-il lui-même: sur le sens) des œuvres de lar littérature. Mais il faut ajouter tout de suite: sans jamais oublier l'art. Qu'on se rappelle ce qu'il a écrit dans le texte intitulé "Savoir aimer" (1959): "... ce qui me vainc (Aragon songe à deux livres récents, de Govy et de Roblès), ce qui m'enlève l'esprit critique, ce qui me donne l'envie, une envie partisane, de les défendre de tout ce qu'on peut imaginer leur reprocher, ce n'est pas cette fraternité de l'esprit, le sujet, mais Fart, imaginez-vous, fart de ces écrivains, cette chose secrète, inanalysable, non réductible à des raisons communes d'aimer, ce mécanisme indémontable, l'art par quoi se fonde la grandeur de l'œuvre, et son droit à ne pas mourir." Le sens par l'art. Dans ses textes où il parle de la littérature, Aragon en est arrivé à formuler très nettement un ensemble de conceptions littéraires qui, évidemment, sur bien des points, il ne l'a jamais nié, relèvent de ses points de vue personnels, sans pourtant être tant personnelles que cela. En tout cas, on peut considérer comme l'un des principaux objectifs de son activité critique ce qu'il a désigné lui-même comme tel dans l'article "L'auteur parle de son livre": "Cela fait des années que, défendant le point de vue du réalisme socialiste, je combats l'idée schématique et absurde qu'on s'en fait..." Essayons de voir ce qui constitue le fond de ce débat.