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138 A. XXXIII. Dopisy Karla ze Žerotína
435.
Theodoru Bezovi v Genevě: posílá mu tento list po svém mladém strýci (Karlovi), jemuž dovolil
tuto cestu, vzav si ho na starost, aby jej dal vychovati. Otec jeho dal ho do koleje Suitu
(Jesuitd), odkudz on (Karel z Zerotina) ho vzal, „aby ho nenechal zahynouti v té propasti“.
Posili Bezovi darem šedesát dukátů uherských. — Na Rosicích 29. března 10600.
(A Théodore de Beze, à Geneve. Monsieur, L'occasion de vous escrire la
presente me vient donnée d'un petit voyage que Pay permis de faire à mon ieune
cousin, lequel pour estre d’un mesme nom avec moy et d’une mesme maison, ie l'ay
choisi pardessus les aultres, afin de le faire nourir et apprendre pour pouvoir un
jour servir à la gloire de Dieu, au bien publique et à soy mesme. Son père l’avoit,
partie par faulte de iugement, partie par faulte de moyens (car il a dispendu la
pluspart de son bien), mis au college de Suites, dont ie l'ay retiré pour ne le laisser
perdre dans cest abisme. Ie l'ay tenu depuis quelque temps aus escoles d'Allemagne
ct envoyé finalement à Strospurg, où il à vescu iusques à ceste heure. Lt combien
que ie ne soy point deliberé de loster de là, devant quil n'eust achevé le cours de
ses estudes ou pour le moins jeté un fondement asseuré ès arts et ès langues, si
est çe qui cognoissent l'humeur de la ieunesse, laquelle se laisse aisement, si elle
ma un peu de relâche, ie luy ay permis, que pour pouvoir un peu resiouir le coeur,
recréer l'esprit et entretenir la santé, il changeast de l'air et fist ce petit exercice,
afin que apres il retourneast d'aultant plus frais et plus gay à la continuation de
ses estudes.
Mais parce que de mon costé ie n'ay eu seulement ceus buts, mais ay re-
gardé principalement à le faire entrer en cognaissance des grandes personnages,
aultant que son age le peult porter, j’ay voulu qu'il s'acheminast plustost du costé
de Dasle et de Genéve qu'aultre part, afin qu'un iour, quand Dieu luy auroit donné
un iugement meur et solide, il eust çeste consolation en soy mesmes d’avoir veu et
d'avoir parlé à deux telles personnages, que vous, monsieur, et le Sieur docteur Gry-
naeus, lesquels ie désire estre servis et honorés des miens, ainsi que moi mesmes ie
les honore et aime. Je ne scai si çeste-ci le trouvera à Geneve ou bien s'il y
viendra devant ou aprés luy; mais comme qu'il en avvienne, ie n'ay nulle doubte,
que pour amour de moy et pour l'amitió que me portez, il ne soit le bienvenu
aupres de vous, et d'aultant plus si la presente aura lheur que de luy y donner
entrée et de servir comme d'un preperatif à luy faire avoir part en vos bon-
nes graces.
Vous recevrez de luy soixante ducats Ongrois, lesquels i'envoye non par ma-
nière d'un présent, sçachant très-bien que si petite chose ne peult estre digne ni
de vous ni de moy, mais pour vous estre un tesmoignage de la bonne volonté que
ie tousiours cue en vostre endroit, et de l'intention que i'ay à vous la. conserver. Je