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34 A. XXXIII. Dopisy Karla ze Žerotína

quant aus vivres, nous en avons telle abondance qu’il n’y a ville au monde qui en puisse fournir d'avantage. Ces de la ville n'ont pas eu encor faulte d'aucune chose, mais d'ores en avant, estant la rivière fermée par l’armée navale qui est composée de dix ou douze vaisseaus de guerre, et les avenues par terre serréez de tous costéz, ils pourront bientost sentir la necessité, estant la ville pleine des gens et ne pouvant fornir à la longue aus deliçes et bonne chère des François. Et voilà en quel estat le siége se trouve, tant dehors que dedans. De l'aultre costé on nous menace du duc de Parme lequel est arrivé pour certain à.la Fére, il y eut hier,huict iours, ef. pourra avoir avec ce que monsieur du Maine ameine, iusques à vingt mille com- battans, à sc;avoir quattre mille chevaulx et seise mille hommes à pić. Mais le roy ne. s'en estonne point, escrie tousiours: bataille, bataille, et moyennant que le duc veuille mordre, il luv donnera. bien de quoy manger. Il faict estat de mettre en- semble de quattre à cinqu mille chevaulx François et aultant des chevaus Allemans, quinze mille arquibousiers François et quelque çinqu ou six mille lanczknechts Suices et Anglois, et outre ceci tiendra la ville assiegée aultant ou plus qu’elle n’est maintenant.

Il x en a beaucoup qui estiment que le due de Parme ne vouldra point hazarder l’estat de son maistre par une bataille, mais quil tachera plustost divertir le roy par le siège de quelque ville, comme Compiègne, Chauny ou quelqu’aultre. et se fondent sur ce que le duc meine forçe artillerie avec luy; mais tous les avvis disent au contraire et mesmes les lettres interçeptés du roy d’Espagne tesmoignent qu’il à plustost commission de donner la bataille que de laisser perdre Roan. Neant- moins le roy a pourveu à tout, Chauny est bien fortifié, dans Compiègne est encor le corps du feu roy, il y a force noblesse, monsieur de Longueville y est, Mr. d'Humieres, Mr. le Grand s'y va ietter par permission du roy tellement que de quelque costé qu'il vouldra venir et entreprendre que «e soit, il se trouvera bien empeché. Qui est ce que ie vous puis dire de la resolution du roy et de l'armée du duc de Parme.

Au demeurant, monsieur, ie n'ay pas mis en ouhly de traitter ce que ie. vous ay promis à mon departement d'avec vons, et si ieusse aultant de credit en ceste court comme i'en pensoy avoir, i'en eusse parlé moy-mesmes au roy; mais ayant trouvé le contraire de ce que ie m'avoy faict aceroire. en ay parlé vivement à mon- sieur du Plessis, qui m'a dict d'en avoir desia touché quelque mot au roy et de vouloir d'ores en avant. espouser à bon escient vos affaires et vous faire sentir les effects de son amitié. Amen: Or ie veus bien que vous sęachiez que ie ne luy ay parlé d'aultre chose, sinon de l’entretènement qu’on vous doibt. Car de vous rap- peller, il n’en fault point. parler, les affaires, du roy ne sont. pas encor si Мер establiez qu’on puisse braver Z. sans rien craindre, et vault mieus de procéder


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