[1] |
224 A. XXXIII. Dopisy Karla ze Žerotína
|
---|
[2] |
ments surviennent, le temps s’escoule et l’occasion de vous escrire se passe. Non
|
---|
[3] |
obstant pour ne tarder d'avantage à vous faire scavoir que ie l'avoy receus, i'ay
|
---|
[4] |
vous ay voulu escrire la présente qui servira ensemble à vous demander aussi par-
|
---|
[5] |
don d'avoir tant demeuré sans v respondre.
|
---|
[6] |
Je ne me veulx plus condouloir avec vous dela mort de vostre fils unique,
|
---|
[7] |
taut pour ne vous rementevoir vostre perte et vous rafraichir la douleur que
|
---|
[8] |
vostre prudence et le temps auront desia assopié, comm'aussi parce que l’espère
|
---|
[9] |
que Dieu vous aura desia consolć derechef, soit d'une nouvelle gravidance de ma-
|
---|
[10] |
dame d’Eberbach, soit par adventure, ce que ie desireroy de bon coeur, de la
|
---|
[11] |
naissance d’un nouveau héritier. Si que sans m’arrester d'avantage ie passeray oultre
|
---|
[12] |
à vous dire que la clémente affection, dont monseigneur l’électeur Palatin me daigne
|
---|
[13] |
de sa grace, et qu’il à pleu à Son Altesse de tesmoigner en publieq par paroles
|
---|
[14] |
tant honorables et signalées, m'a desia esté rapporté par monseigneur le prince
|
---|
[15] |
(Anhalt, comnril estoit à Prague au mois de May passé, ensemble Poccasion qui
|
---|
[16] |
esmeult Son diete Altesse d’entrer aux propos que m'escrivez, et aultres que i'en-
|
---|
[17] |
tendit lors de luy, avec toutes les particularités des personnes qui y assisterent,
|
---|
[18] |
comme daultres circonstances: dont à là verité ie nay esté seulement resioui sin-
|
---|
[19] |
gulierement, comme un chacun peult penser, en ayant telle occasion, mais aussi fort
|
---|
[20] |
esmerveillé, ne m’ayant iamais persuadé, comme ne sçachant de avoir merité en
|
---|
[21] |
aucune manière que ie deusse estre si avant empreint au coeur de ce noble et grand
|
---|
[22] |
prince. Je confesse à la verité qu’une faveur si remarquable surpasse tout ce que
|
---|
[23] |
ie puis meriter, mais ie la recognoy de Son Altesse et principalement de Dieu:
|
---|
[24] |
à laquelle combien que ie ne puisse correspondre en aucune sorte de services, néant-
|
---|
[25] |
moins mon coeur et la volonté qui y est logée, sera tousiours preste et apareillé
|
---|
[26] |
à y pretendre au moins iusques à tant que Dieu luy face la grace de la féconder,
|
---|
[27] |
de sorte qu’il en puisse naistre quelqweffect qui soit fruict digne et qui puisse re-
|
---|
[28] |
présenter la devotion et sincerité, dont il est pleine, pour ne dire enceinte. J'avoy
|
---|
[29] |
quasi resolu en moy mesme à en remercier Son Altesse par mes lettres, mais après
|
---|
[30] |
y avoir [....] pensé, i'eus assez d'avoir declaré le gré de mon ame à mon dict
|
---|
[31] |
seigneur le prince, dont la relation, de laquelle il me fict offre gracicuse, seroit
|
---|
[32] |
sans comparaison plus digne, plus aggreable que tout ce que ie pourroy escrire.
|
---|
[33] |
Mon procès pendt tousiours, et depuis le mois de Mars de l’an passé ie ne
|
---|
[34] |
fais que d’attendre que la sentence soit donnée d’entre ce bellistre et moy; et par-
|
---|
[35] |
ceque de six ou sept mois on n’a point tenu des iugements, j’ay eu un peu de repos,
|
---|
[36] |
mais à ce mois de Février prochain ie retourneray Dieu aidant à Prague, si aultre
|
---|
[37] |
chose ne me distourne, d’où ie vous feray part de ce qui pourra succeder. De la
|
---|
[38] |
paix ne se parle point. Le demeurant va le vieulx train; mes affaires domestiques
|
---|
[39] |
se passent assez bien, Dieu merci, mes enfants et mon frère se portent bien, nostre
|
---|