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32 A. XXXIII. Dopisy Karla ze Žerotína

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y. avoit une navire qui partoit pour Hollande, qui m'a donné occasion de vous
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escrire, ne l'ayant peu faire encores depuis mon arrivée en l'rance, laquelle, comme
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vous aurcz desia entendu, a esté par la grace de Dieu fort heureuse et à propos.
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Je partis de Staden le dernier de Novembre et vins en ce lieu-i¢i le sixiesme du
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mois passé: ie n'arresté qu'aultant qu'il falloit pour rafraichir moy et mon train,
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travaillé aucunement du chemin de la mer. Depuis m'en allay au camp avec mon-
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sieur le conte de Sainct Paul qui d'adventure se trouva lors ici, et me vint bien
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à propos de passer avec luy, estant le chemin d’ici à Dernetal, qui est le bourg
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le rov loge avec sa court, mal asseuré et infesté par les continuclles courses de
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vingt ou vingt cinqu brigants, lesquels ne trouvans aucune resistence, pour le mau-
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vais ordre que iusques à cest heure s'y est donné, pillent et ravagent tout ce
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pays-ci à leur plaisir. Venu que ie fus à la court, ie fis la reverençe au roy le
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lendemain, qui me monstra assez bon visage ect m'asseura d'avoir ma venue ageróable ;
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receut aussi la lettre que ie luy presentay du vostre part, en aioustant quil vous
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recognoissoit pour un homme de bien et pour son bon serviteur. I] n'eust loisir de
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m'entretenir pour lors trop longuement. estant prest à monter à cheval pour aller
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au quartier des Anglois, qui est un chemin aussi dangereuls qu'aucun aultre qui
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soit en toute l'armée, estant necessaire de passer tout à la veue du fort et de la
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ville dont les ennemis tirent incessament infinis coups de canon et mousquet pour
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attrapper les passants, et de malheur pour vous donner ceste miserable nouvelle.
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Sammedy dernier, eomme ie passoy par le mesme chemin avec le conte d'Essex,
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general des Anglois,*) il nous tirérent de la ville un coup de bastarde dont le sort
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tomba sur mon pauvre Curtin, qui en fust tellement brisé quil ne vescust après le
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coup receu quun heure et demie. Perte certainement trop grande pour moy et dont
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ie suis tellement affligé qu'à peine le scauroy-ie. exprimer, considerant non seulement
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l'amitié quil me portoit et les bons offices «quil me faisoit, mais aussi les grandes
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douleurs quil enduroit, ayant toutes les deulx cuisses tellement froissées, comme si
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elles eussent esté moulues. Je scay bien, monsieur, que vous participerez fort de
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ceste mienne affliction, et principalement estant au lieu oii on faict plus d'estat des
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hommes quic on n'en tient plus de conte que des O en chifre, pour men dire
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pis, de facon qu'avec la personne meurt sa memoire, l'amitió qu'on s'à eu ensemble,
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et le regret qu'on deust avoir.

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Mais encor scay-ie bien que vous v apporterez vostre moderation accoustu-
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mée, et pour ne vous donner plus de matière de douleur ct m'oster tout ensemble
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de ce miserable discours, ie vous diray briefvement en quel estat nous nous trouvons

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+) Robert Devereux hrabé z Essexu, milec anglické královny Alzbéty, nar. 1567, studoval na školách
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Cambridgesk$ch. L. 1586 byl jiz jenerálem jízdy. R. 1591 ved] vojsko na pomoc vyslané do Francie Jindii-
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chovi IV. Stastni i ne&tastni osudové jeho života zakončili tragickou smrtí 1. 1601.


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